Histoire de l’aviation à Nice Meeting du 10 au 25 avril 1910
Ce vendredi 15 avril 1910, sur les coups de midi, est donné le coup d’envoi du meeting d’aviation de Nice et ce, pour la première fois ; une grande compétition aéronautique qui promet quelque 250 000 francs de prix aux aviateurs engagés prêts à croiser le fer
Nice combien de spectateurs ? Des dizaines de milliers. 100000 peut être. Sur la belle affiche annonçant l’événement, on voyait un pilote aux commandes d’un drôle d’avion, casqué avec des lunettes comme les aviateurs de l’époque, jeter des fleurs au-dessus de la Baie des Anges. L’aérodrome se trouvait à la place de l’actuel aéroport, là où se situait auparavant l’hippodrome de Nice. Autour de la piste d’atterrissage, on notait quelques hangars et des tribunes ainsi qu’une sorte de grue géante qui avait été installée par le pionnier niçois de l’aviation, Ferdinand Ferber. Cette structuremétallique lui servait… au lancement de ses planeurs (Ferber, qui a donné son nom à un quartier de Nice, se tua en 1909 lors d’un atterrissage à Boulogne).
L’aviation en était encore à ses débuts. Les premiers exploits de Clément Ader remontaient à 1890 et le premier vol des frères Wright à 1903. Quant au premier meeting aérien, il avait été organisé par les frères Bréguet en 1909 près de Douai. Dans notre région, un meeting avait eu lieu le 27 mars 1910 à l’aérodrome de Cannes. Les meilleurs étaient présents Lors du meeting à Nice, deux semaines plus tard, on retrouve les meilleurs aviateurs de l’époque : lerusse Mikhail Efimov, major de la flotte aérienne créée par le tsar Nicolas II ; le péruvien Jorge Chavez, champion qui se tuera cinq mois plus tard en tentant le premier vol au dessus des Alpes ; mais aussi… Charles Rolls, fondateur de la firme automobile Rolls-Royce, qui, lui aussi, mourra trois mois plus tard à l’âge de 32 ans lors d’un meeting aérien en Angleterre.
On trouve aussi le Marseillais Henri Rougier, coureur automobile qui remportera l’année suivante le premier Rallye de Monte-Carlo. Le feuilleton Meeting d’aviation 1910 : 100000 personnes sur la Promenade ,Une Promenade noire de monde, depuis Carras jusqu’à Rauba Capeu, c’est le souvenir des témoins d’un des plus grands événements qui se soient produits au long de la Baie des Anges. Au-dessus de la Promenade, on admire le ballet des engins volants qui se croisent dans le ciel, se frôlent, avancent par soubresauts. Ces oiseaux mécaniques préhistoriques dotés de deux ou quatre ailes passent chaotiquement au-dessus du Casino de la Jetée et s’enhardissent jusqu’au Cap Ferrat. Sur l’aérodrome, ils se soulèvent lourdement dans un vrombissement de moteurs à hélices ou atterrissent par à-coups de manière pataude. La foule applaudit.
Le meeting de Nice donne lieu à un concours. Le 15 avril, en présence du roi de Suède, Mikhail Efimov est déclaré vainqueur.Il a remporté le prix « de la totalisation des distances » (131 kilomètres), le prix « du lancement sans passagers » (80 mètres), le prix « du lancement avec passagers » (100 mètres) et prix « du tour de piste » : 4 tours, 6 kilomètres en 6 minutes. Deux futurs pilotes niçois Le 23 avril, lors de la course organisée entre Nice et le Cap Ferrat, on assiste à une lutte entre Hubert Latham, célèbre pour avoir dépassé l’altitude de 1000 mètres, et Charles Rolls. C’est Latham nice-matin Samedi 6 juin 2015 qui l’emporte en 16’46.
Deux jeunes azuréens de 18 ans assistent au meeting. En rentrant chez eux, ils n’ont qu’une idée en tête : devenir aviateurs. Tous deux le seront et deviendront des héros de la guerre de 14-18. Le premier, qui est niçois, s’appelle Eugène Mô. Il sera, hélas, fait prisonnier et exécuté pour espionnage en 1915. Le second, qui est de Villefranche, se nomme Auguste Maïcon. Surnommé le « Lindbergh niçois », il réalisera, le 24 août 1919, l’incroyable exploit de passer avec son avion sous une arche du pont du Var(dix-sept jours après le fameux passage de Godefroy sous l’Arc de Triomphe à Paris). Les exhibitions aériennes cesseront dans les années trente. L’aéroport sera inauguré en 1937 par le président de la République Albert Lebrun. C’en sera fini des grands spectacles aériens. L’aéroport de Nice entrera dans l’ère commerciale. ANDRÉ PEYREGNE